La vision du projet Métacartes expliquée avec une métaphore culinaire

Aujourd’hui nous voulons vous parler de la vision des métacartes, non pas comme un simple liste de méthodes, mais comme dispositif d’apprentissage. Pour expliquer la philosophie des métacartes, nous allons utiliser une métaphore ludique : la cuisine.

Cette métaphore nous aidera à voir comment monter en compétence dans un domaine d’apprentissage complexe.

Au menu : la CUISINE COLLABORATIVE

Aujourd’hui si nous devions comparer les pratiques collaboratives aux pratiques culinaires, nous avons une majorité de consommateurs, de plus en plus d’APPRENTI.E.s mais pas assez de CUSINIER.E.s et de CHEFs.

Notre parti pris est de rendre les consommateurs plus acteurs/producteurs de ce qu’ils consomment. Comment faire pour les aider à monter en compétence ?

Découvrir des PLATS SAVOUREUX / DÉLICIEUX

Le premier niveau est de sensibiliser: éduquer aux saveurs, en faisant goûter des plats divers et riches. Pour cela, le jeu de cartes, composé de formats soigneusement choisis, aide à faire découvrir des formats de rencontre innovants et originaux favorisant la créativité et l’intelligence collective: accélérateur de projets, hackathon, réunion en marchant, …

Lorsqu’on a goûté à de nouveaux formats dynamiques et interactifs, difficile de revenir aux réunions formelles interminables!

Pour le jeu « FAIRE ENSEMBLE » nous avons choisi une variétés de formats issues de meilleures CUISINES COLLABORATIVES existantes (ART OF HOSTING, MÉTHODES AGILES, DESIGN THINKING, ÉDUCATION POPULAIRE, THÉATRE D’IMPRO…).

Pour débuter, des RECETTES à suivre

Un deuxième niveau d’usage consiste à pratiquer, à s’exercer: comme en cuisine on suit les RECETTES pas à pas: « peser ceci, ajouter une pincée de cela, mélanger, … »

Ceci permet de d’enrichir sa pratique. Le premier jeu de métacartes est nommé FAIRE ENSEMBLE et il comportera une majorité de CARTES RECETTES.

Cependant si les recettes « clés en main » ont une utilité, avoir beaucoup de recettes ne suffit pas à transformer nos APPRENTIS cuisiniers en CHEFS étoilés…

Pour avancer, tester des INGRÉDIENTS

L’avantage de suivre une recette est d’être guidé pas à pas. L’inconvénient est que si l’on débute on suit simplement sans comprendre les subtilités. Par exemple, si un débutant lit dans une recette qu’il faut du BEURRE, il va vouloir suivre à la lettre la recette et s’il n’a pas de beurre pensera qu’il ne peut pas y arriver. A sa place, un expert reconnaîtra qu’il faut une MATIÈRE GRASSE et utilisera à la place de BEURRE une HUILE qu’il a sous la main.

Mieux encore : un bon cuisinier sait par expérience que certaines combinaisons d’INGRÉDIENTS fonctionnent bien ensemble (TOMATES-BASILIC, parfum AIGRE-DOUX, …) et saura jouer sur cet subtilités pour créer des plats uniques et délicieux.

C’est ce savoir, évident pour un expert, mais complexe à acquérir pour un débutant que nous voulons rendre visible et plus facilement transmissible.

Les cartes ont été conçues et rédigées pour que les individus ou les groupes plus avancés dans les pratiques collaboratives puissent aller encore plus loin. Ainsi pour chaque recette nous nous attachons rendre visibles les INGREDIENTS clés.

Voilà pourquoi les INGRÉDIENTS, mais aussi les RECETTES complémentaires sont mis en majuscules pour ressortir dans le texte. L’écriture en majuscule doit être vue comme une sorte d’hyperlien qui pointe vers une autre carte. Elle invite donc les usagers à aller consulter la carte correspondante.

Les cartes ingrédients sont nombreuses et ne peuvent pas être digérées en une seule fois. Des mises en application du type FLASH CARDS/CARTES MÉMOIRE facilitent l’apprentissage et la mémorisation.

Faire des COMBINAISONS subtiles d’INGRÉDIENTS.

Pour être précis, avoir une liste d’ingrédients ne suffit à devenir un bon cuisinier. Il est important d’apprendre à connaître les combinaisons qui marchent et dans quels cas elles marchent.

Dans un PLAT AIGRE-DOUX, quelque soient les ingrédients choisis, c’est l’équilibre entre les SAVEURS ACIDES et les SAVEURS SUCRÉES qui donnent au plat sa personnalité et son caractère typique.

Dans une SOUPE, peu importe qu’il y ait de la VIANDE ou uniquement des LÉGUMES, qu’elle soit servie CHAUDE ou FROIDE… Ce qui fait l’essence de la soupe, c’est la CONSISTANCE LIQUIDE (se mange à la cuillère… à soupe !). Cette approche est complexe, changez un ingrédient et tout l’équilibre du plat peut en être modifié pour le meilleur (délicieux) ou pour le pire (inmangeable)…

Une partie de la spécificité des Métacartes consiste à bien décrire les ingrédients clés et leur relations pour faciliter la compréhension et la prise de conscience.

Cette approche par ingrédients n’est pas de notre invention, elle est directement inspirée de l’approche des LANGAGE DE PATTERNS développée par l’architecte Christopher Alexander à la fin des années 70 et utilisée depuis dans de nombreux domaines.

Le premier jeu FAIRE ENSEMBLE de métacartes devrait comporter cinq CARTES INGRÉDIENTS dont la structure est différente des CARTES RECETTES.

S’outiller avec de bons USTENSILES

Filons la métaphore culinaire. Un bon cuisinier connaît les outils qui lui feront gagner du temps pour des usages répétés. En choisissant le bon USTENSILE, il pourra cuisiner ses recettes beaucoup plus facilement que sans ou avec un outil moins adapté.

Dans le jeu FAIRE ENSEMBLE, un USTENSILE est donc un dispositif technique qui nous aide mettre en œuvre notre CUISINE COLLABORATIVE.

Le premier jeu FAIRE ENSEMBLE de métacartes devrait comporter deux CARTES USTENSILES. Le jeu à venir « DEGOOGLISONS INTERNET » comportera de nombreux autres ustentiles libres et non commerciaux.

L’importance des RECETTES LIBRES pour la diversité culinaire

Et si la SOUPE était brevetée ? Et si la pizza était brevetée et que vous deviez payer une taxe à chaque fois que vous fabriquez ou consommez une pizza ? Imaginons que McDonald ait le monopole du BURGER et des FRITES. Difficile de faire des FRITES MAISON chez soi sans être poursuivi.

Impossible d’inventer le BURGER AU CANARD ou le BURGER HALAL pour l’adapter à ses goûts ou à sa culture car il faudrait négocier une autorisation et verser des sommes exorbitantes avant même de pouvoir expérimenter des variations.

Le brevets, inventés au départ pour soutenir l’innovation, sont depuis longtemps détournés pour asseoir des monopoles rentiers et tuer toute concurrence.

Si aujourd’hui nous pouvons manger des plats riches et savoureux c’est parce que nos ancêtres cuisinier.es ont librement pu utiliser les ingrédients, reproduire et réadapter les recettes de leurs ancêtres ou d’autres cultures et les faire évoluer pour aboutir à des combinaisons plus riches, plus subtiles ou plus adaptées au conditions ou aux ingrédients locaux.

Dans cet esprit les métacartes sont sous une licence libre (CC-BY-SA) qui autorise tous les usages y compris commerciaux à seules conditions de citer la source et repartager d’éventuels dérivés sous une licence équivalente.

Ceci signifie qu’un CUISINIER ou un CHEF ÉTOILÉ peut ajouter une recette des métacartes à son menu et gagner de l’argent en faisant ce plat sans demander l’autorisation ou verser de droits d’auteurs.
Ceci signifie aussi que cette recette, qui transportera alors son nom avec elle, pourra même le faire connaître en étant rediffusée vers d’autres.

Eviter le « Co-washing »

Quand on parle de travail collaboratif ou d’intelligence collective, on travaille avec de l’humain, il n’est pas possible de servir le même plat au plus grand nombre sans tenir compte du contexte et des spécificités culturelles.

Copier/coller des recettes pour les appliquer bêtement dans des contextes où elles sont inadaptées est au mieux inutile, au pire dommageable. Et ce n’est pas en faisant de la « com » qu’on pourra compenser un manque de stratégie.

Mal comprises et devenues à la mode depuis quelques années, les méthodes agiles ou le design thinking ont souvent été mal employées voire dévoyées, créant parfois plus de problème qu’elles n’étaient censées en résoudre.

Alors que les grands groupes industriels et les institutions publiques commencent à comprendre la nécessité de monter en compétence dans le faire ensemble, éviter la « macdonaldisation » de l’usage des pratiques collaboratives est un enjeu essentiel.

Nous parlons de « macdonaldisation » pour désigner un modèle basé sur la vente en masse d’un produit fabriqué à bas coût, bourré d’additifs pour compenser son manque de qualité intrinsèque et vendu à grand renfort de publicité pour donner l’illusion qu’il possède certaines qualités.

Dans ce cas l’énergie est mise sur la promotion plus que sur le produit lui même. C’est une tendance forte dans notre sociéte actuelle et son usage dans les pratiques collaboratives serait désastreux. Un tel « co-washing » (par analogie au « greenwashing ») qui trompe et manipule les participants pour aboutir à ses fins finira par amener déception et méfiance et ferait perdre tout sens aux pratiques collaboratives.

Des ARTISANS cuisiniers plutôt que des chaînes de fast food

En identifiant les ingrédients clés d’une recette, nous essayons de rendre visible l’essence. Nous pensons que cela peut vous aider à faire la différence lors qu’on vous sert un produit industriel et un produit artisanal, comme différencier une tomate de supermarché fade et farineuse, d’une tomate du jardin pleine de parfums et juteuse.

Généralement ce genre de dispositif industriel qui produit à grande échelle s’appuie sur des systèmes de franchises et restrictions d’usage où le ticket d’entrée peut être très élevé – soit financièrement soit en terme de procédures.

Un autre modèle est celui d’artisans travaillant en réseau ouvert et interdépendant partageant des recettes.

Cela signifie que les cuisiniers doivent pouvoir « faire leur beurre ».

Là encore la possibilité de réutiliser les supports, y compris pour des usages commerciaux, est essentielle puisqu’elle permet à des professionnels de les utiliser pour enrichir les prestations qu’ils vendent.

Un tel modèle d’artisans travaillant en réseau n’est pas une utopie !
Il existe déja de nombreux collectifs et structures qui travaillent ainsi en partageant leur savoirs sous licence libres. Animacoop, Outils-Réseaux, Tiriad, Garc.ess, Koopera, L’université du Nous, Percolab, Scopyleft, Les Vigies, Osons, sont quelques uns des nombreux réseaux de facilitateurs qui travaillent dans un esprit d’artisanat et de partage.

En essayant de citer systématiquement les sources en renvoyant chaque fois que possible vers des auteurs qui ont rédigés les recettes nous espérons contribuer à apporter de la visibilité à ces ARTISANS-CHEFs et les aider à « gagner leur croûte ».

Bon appétit !

Vous aurez compris que nous privilégions une approche artisanale, de qualité et qui a du sens. Nous espérons que ce projet vous parle et que vous aurez envie d’y goûter et de le partager autour de vous !

Nous sommes à 167% de financement grâce à vous, nos 107 contributeurs, Merci ! Il reste encore 5 jours, donc n’hésitez pas à faire connaître le projet !

 

 

 

 

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