C’est l’été… Peut être aurez-vous un peu plus de temps que d’habitude pour lire cet article un peu long. Nous présentons nos dernières avancées sur les projet de métacartes « Degooglisons Internet » et la réflexion qui est derrière la démarche. Un résumé pour ceux qui n’ont pas le temps : nous focalisons sur la création d’un jeu baptisé NUMÉRIQUE ÉTHIQUE pensé comme outil destiné aux formateurs et médiateurs et centré sur les usages professionnels du numérique. Ce jeu est développé via une démarche ouverte de conception centrée sur l’usage, inspirée du design thinking et des méthodes agiles. Pour en savoir plus, lisez la suite…
Passer de la réaction à la création
Nous profitons de l’été pour avancer sur les cartes « Dégooglisons Internet ».
Depuis le début il y a avait une idée qui flottait : de même que Contributopia a pour vocation de dépasser l’opposition aux gafam et d’aller vers le créatif, le jeu de ne devait pas rester juste dans l’opposition, être contre.
Le titre « Degooglisons » Internet n’était donc plus adapté.
Si nous sommes clair sur ce que nous ne voulons pas, en revanche il est plus dur de savoir ce que nous voulons et de le résumer en quelques mots.
Quel est l’essentiel ? Quel est le sens ?
La raison d’être des métacartes, c’est de dégager et rendre visible l’essentiel d’un sujet, et de le faire avec du sens.
Pour clarifier la raison d’être des cartes ex-« Degooglisons Internet » et la reformuler sous forme positive nous sommes repartis de la vision proposée par Framasoft dans sa description du projet Contributopia :
« Dans de nombreux domaines, des personnes agissent au quotidien avec une autre vision en tête que la société proposée par les GAFAM, NATU et autres BATX.
Que ce soit dans des associations, des entreprises de l’économie sociale et solidaire, des regroupements, des collectifs, etc., ces personnes contribuent, chacun·e à leur manière, pour proposer des alternatives variées qui mettent au centre de leurs préoccupations les libertés et les humain·e·s.
Ce n’est donc pas une surprise si c’est auprès de ces personnes que les discours du logiciel libre et de sa culture font mouche : nous partageons ensemble des notions d’éthique, de solidarité et de contribution. Lors de la campagne Dégooglisons Internet, nous avons pu voir combien cette audience était une des plus friandes d’informations et de solutions. Voilà des personnes qui comprennent tout de suite les enjeux, et qui non seulement s’approprient les alternatives libristes, mais vont en plus les diffuser ensuite auprès de leurs réseaux. Ce n’est pas pour rien : nous rêvons, ensemble, de concrétiser d’autres utopies.
Aujourd’hui, trouver le service web libre et éthique qui correspond à ses usages demande de nombreuses connaissances et reste difficile d’accès aux personnes les moins à l’aise avec l’outil numérique.
C’est en travaillant de concert avec ce public, des spécialistes de la médiation numérique et des professionnel·le·s du design et de l’expérience utilisateur que Framasoft désire s’attaquer à la question, tout en proposant des outils et des formations aux actrices et acteurs des réseaux territoriaux qui font de la médiation numérique.
Le but ? Créer les outils et les conditions pour faciliter l’accès à un web éthique. »
Numérique prédateur vs Numérique éthique
Après avoir beaucoup réfléchi à l’essence du projet, nous pensons qu’il ne s’agit pas uniquement de traiter d’Internet ou du web, du pc ou du smartphone mais du numérique au sens large et que, plus précisément, ce qui distingue le numérique que nous voulons du modèle prédateur proposé/imposé par les gafam, c’est l’éthique.
Nous avons donc décidé de nommer le jeu NUMÉRIQUE ÉTHIQUE.
Ceci étant posé, le sujet reste très vaste et avec plusieurs façons de le traiter selon les publics que l’on souhaite toucher.
Il semble difficile de créer un jeu de 60 cartes qui puisse à la fois parler à tous les publics et résumer l’ensemble des enjeux et outils. Nous avons donc décidé de faire un jeu qui servirait d’outil pédagogique à ceux – médiateurs officiels ou officieux ! – qui utilisent ces alternatives et sont amené·e·s à former ou à sensibiliser des usagers sur ces sujets.
Étant nous même formateurs sur des tels outils, cela nous permet de nous attaquer à un besoin que nous avons déjà (« scratch your own itch! »), et de travailler sur du concret.
Un travail de recherche et développement ouvert
Comme nous l’avions annoncé au début, nous avons mis en place un wiki, qui permet de rendre visible le travail en cours et éventuellement de recueillir des contributions.
Par ailleurs, cet article ainsi que les précédents ont pour but de rendre visible le processus et les choix qui sont faits.
Une démarche de design centré sur l’usage
Un des grands problèmes de notre époque est que les experts qui conçoivent des dispositifs le font souvent sans consulter les usagers, ce qui aboutit à des aberrations et des dispositifs au mieux inadaptés, et au pire qui asservissent les usagers et leur compliquent la tâche.
Il existe pourtant des méthodes qui permettent de développer un dispositif adapté aux usages, et aux usager·e·s. Parmi elles le design thinking et les méthodes agiles qui utilisent beaucoup le prototypage.
Comme nous sommes une petite équipe (2 personnes) avec des moyens limités, nous avons essayé de travailler dans cet esprit, mais en restant simple.
Lors des premières étapes, nous avons lancé un questionnaire pour obtenir des suggestions d’usagers. Nous avons eu des discussion avec des membres de l’équipe de Framasoft et organisé un atelier avec des volontaires lors de la THSF2019.
Par la suite nous avons soigneusement exploré les contenus de la galaxie Framasoft pour dégager des thèmes qui pourraient servir de base à des cartes.
Pour y voir plus clair dans tous ces contenus, nous les avons mis… sur des cartes !
Et comme il y a beaucoup de sujets, pour nous aider à faire des choix pour la version 1 du jeu, nous avons choisi d’utiliser la méthodes des personas. Simple et rapide, cette méthode qui consiste à imaginer des archétype d’utilisateurs et leurs scénarios d’usages aide à clarifier et prioriser les besoins.
Un focus sur le numérique éthique pour les usages professionnels
Grâce aux personas, nous avons clarifié notre vision : produire le premier jeu Numérique Éthique pour un public de médiateurs, que ce soit des professionnels ou de simple passionnés qui jouent ce rôle officieusement.
Ayant une limite de 60 cartes, nous avons décidé de focaliser sur les usages professionnels du numérique, par opposition à des usages purement personnels comme le voyage, la consommation. Ces sujets, bien qu’important eux aussi, nous ont semblé moins prioritaires pour la première version du jeu.
À la lumière des personas, nous avons donc revu chacune des cartes en décidant ce que l’on va développer et ce que l’on va garder pour plus tard. Ceci nous a donné notre feuille de route pour le jeu, mais aussi pour une éventuelle suite.
On en est où ?
Il y a aujourd’hui plus de 60 cartes candidates.
Les métacartes c’est un essentiel de moins de 500 caractères sur la carte papier, mais aussi une ressource en ligne avec des contenus complémentaires.
Il a donc fallu réfléchir à la fois au contenu et à la structure de la carte papier, mais aussi de la ressource en ligne.
Nous avions initialement envisagé de créer des cartes pûrement « outil » (par ex framapad, framadate, …) ce qui aurait été le plus simple pour nous. Mais il y a un problème avec cette démarche, elle ne prend pas en compte le fait que le outils évoluent et que des alternative puissent apparaître ou disparaître, s’améliorer ou perdre en qualité.
Après moultes réflexions, nous avons donc décidé de partir sur 3 types de cartes :
– cartes « usages » : décrivent un type d’usage et l’enjeu éthique associé (quels sont les risques, …)
– cartes « notions » : décrivent et vulgarisent des concepts et des critères de sélection
– cartes « histoires » : racontent des histoires pour provoquer des discussions et des prises de conscience sur le sujet.
Enfin nous avons aussi travaillé les premières esquisses pour les visuels du jeu.
Nous nous sommes inspiré des visuels existant déjà sur le site Degooglisons Internet, à la fois pour garder une continuité pour les usagers et aussi pour ne pas tout réinventer, ce qui est la force du libre.
À suivre…
Venez nous rencontrer
Nous serons à tournai du 27 au 30 août pour les rencontres Co-Construire, nous présenterons les cartes FAIRE ENSEMBLE et peut être aussi un atelier sur les cartes NUMÉRIQUE ÉTHIQUE.
Au plaisir de vous y croiser !
3 commentaires sur “Actualités Degooglisons Internet août 2019”
Très belle initiative ! Hâte de pouvoir les utiliser avec le public au sein du centre social dans lequel je travaille.